Le BVES lance à Bukavu la campagne « Ubuntu »

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BVES

Bureau pour le Volontariat au service de l'Enfance et de la Santé

Depuis la création du BVES en 1992 jusque novembre 2021,

  • 412 875 enfants très vulnérables (131 142 filles) ont été aidés : enfants des rues, filles « domestiques », filles « esclaves sexuelles », orphelins à cause de la guerre, enfants en détention, enfants utilisés dans les sites d’exploitation minière, etc.

  • 53 964 enfants associés aux forces et groupes armés (3 320 filles) ont été aidés :
    • 17 948 enfants soldats démobilisés ou enfants libérés des forces et groupes armés (1 976 filles) ont été accueillis dans les CTO du BVES
    • 35 354 enfants échappés ou abandonnés des forces et groupes (1 344 filles) ont été identifiés dans les villages et protégés dans les communautés d'origine

  • 11 635 enfants non-accompagnés, réfugiés ou séparés des familles à la suite des conflits armés (5 257 filles) ont été accueillis dans les Centres de Transit du BVES.

  • 325 928 enfants déscolarisés ou jamais scolarisés (80 428 filles) ont été réinsérés à l'école (formelle et non-formelle) par le biais des CRS (Centres de Rattrapage Scolaire ou Centres de Jour) du BVES.

Témoignages

F. S.
17 ans – originaire de Mukuija/Kalehe – ESFGA au CTO-BVES depuis avril 2010

« A tous ceux qui peuvent avoir un bon cœur pour nous :

Aidez-nous, nous les enfants soldats qui sommes en train de quitter l’armée et aussi, aidez toute la population. Qu’on nous amène la Paix ! Parce que s’il n’y a pas la Paix, nous avons toujours le risque de re-rentrer dans l’armée et pourtant, dans l’armée, il n’y a rien !

Comme nous avons eu la chance de quitter l’armée, maintenant, nous voudrions étudier!

Qu’on ne nous oublie pas, qu’on nous envoie parfois des visiteurs pour voir comment nous sommes chez nous ; comme vous nous avez envoyé Nadège (volontaire belge) parce que ça nous aide à avoir la paix ici et qu’ils peuvent faire passer nos messages chez vous.

Nous voulons la paix parce que nous avons beaucoup souffert. Aidez-nous pour que nous puissions oublier toutes ces souffrances de l’armée et vivre mieux. »

M. K.
17 ans – originaire de l’île d’Idjwi – ESFGA au CTO-BVES depuis avril 2010

« Je suis allé jusqu’en 2ème secondaire et jusque là, je faisais beaucoup de bêtises et ne comprenais pas les conseils. J’étais un enfant turbulent !

A 13 ans, je suis allé à Goma, dans le Nord-Kivu, pour rendre visite à mon grand frère. Je me promenais pour voir comment on cultivait et c’est là que je me suis fait enlever par le CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple). Une voiture de militaires m’a arrêté et m’a demandé ma carte d’identité ou d’élève mais je ne l’avais pas. Alors, ils m’ont ligoté, mis dans la voiture et emmené jusqu’à Kichanga , leur camp militaire. Là, ils m’ont jeté dans un trou où ils m’ont laissé pendant 2 mois. Ensuite, on m’a sorti pour me questionner : je devais choisir entre mourir ou travailler pour eux ! On m’avait laissé 2 heures de réflexion (avec eau et nourriture). Je me suis dit que si je refusais, j’allai mourir parce qu’il n’y avait personne pour m’aider ou prévenir ma famille alors que si je travaillais, j’arriverais bien à trouver une solution un jour.

J’ai donc accepté et travaillé avec courage (pour accepter cette vie de peine). On m’a appris comment manier une arme, comment saluer les militaires,… Et j’ai été nommé escorte du Major K. J’ai commencé à prendre le tabac et le chanvre parce que mes amis dans le camp m’ont dit que ça allait m’aider à ne pas trop penser à ma famille… J’ai été l’escorte du Major en 2007 et 2008. En 2009, le Major a été nommé Colonel et j’ai continué à être son escorte. En 2009 toujours, le CNDP et les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) signent le contrat Kimia 2 (le Président veut la Paix) et je travaille alors pour les FARDC au Sud-Kivu, toujours pour le même colonel dans le groupe 3ème zone OS. Le Colonel devient alors Commandant de zone OS (c’est lui qui est chargé des opérations au Sud-Kivu) et me garde toujours comme escorte.

Le 6 avril 2010, la MONUC me sort de l’armée et m’amène au CTO-BVES. Je vois cela comme une grâce de Dieu.

J’arrête la tabac, le chanvre et l’alcool pour vivre dans la grâce et être toujours libre dans ma vie (et pour bien réfléchir).

Depuis 2 mois (mon arrivée au CTO - on est aujourd’hui le 26 avril 2010), je recommence ma vie à zéro pour être quelqu’un de bien et aider ma famille.

Si j’en ai l’occasion, je voudrais étudier le droit à l’université pour aider mon pays et la population à ne plus souffrir parce qu’ici, il y a beaucoup de désordre.

Je voudrais remercier
- Papa directeur Murhabazi qui m’a prodigué des bons conseils, notamment pour réparer ma vie et pour faire des projets, et qui m’a expliqué comment quitter l’ignorance vers la connaissance.
- Nadège (volontaire belge) qui m’a consolé à chaque instant, m’a montré comment changer mon caractère et m’a aussi expliqué pourquoi fumer ce n’est pas bien. Elle m’a aidé à me sentir bien et à penser vers l’avenir (plus vers le passé).
- Le BVES qui m’a aidé pour ma scolarité, à recommencer mes études et à savoir comment faire des photographies (cours de Nadège) qui vont peut-être me permettre d’aider ma famille qui est pauvre et de faire scolariser mes petits frères. »